Dans la même rubrique
-
Partager cette page
Marie Beudels - Quelques défis liés à la diffusion d’une recherche multidisciplinaire
La diffusion fait partie de la recherche scientifique. Cependant, certaines recherches peuvent être plus compliquées à diffuser vers un large public, en raison notamment de l’aspect technique de la thématique. Pourtant, il existe des mécanismes au sein de l’université pour accompagner les chercheur·euse·s, aussi en cours de thèse de doctorat. Marie Beudels, doctorante au Centre de droit public et social de la Faculté nous parle de sa recherche en droit de l'énergie, de quelques défis liés à sa diffusion et de sa récente expérience au concours "Ma thèse en 180 secondes".
Marie, pourrais-tu nous parler de ta recherche doctorale, de ses spécificités et des défis que ça entraine pour la diffusion de ta recherche ?
Je réalise ma thèse dans le cadre d’un projet multidisciplinaire qui vise à étudier les barrières juridiques, techniques et économiques à la flexibilité de la demande en électricité. Face à une production renouvelable intermittente et quelque peu imprédictible, il est de plus en plus important d’adapter la demande en électricité à l’offre. On parle alors de flexibilité de la demande en électricité.
Dans ce contexte, ma thèse porte sur une composante de la facture d’électricité que nous payons tous, qui s’appelle les tarifs de réseau d’électricité et qui vise à couvrir les frais d’entretien du réseau électrique. Récemment, ces tarifs ont commencé à être utilisés pour inciter des changements de comportement de consommation avec un tarif plus bas quand on a de l’énergie renouvelable disponible et un tarif plus haut dans les périodes où le réseau est fortement sollicité. J’analyse ces évolutions d’un point de vue juridique.
J’ai donc l’avantage de travailler sur un sujet qui nous touche, a priori, tous, mais qui est aussi peu commun dans une recherche juridique. En plus de ça, il y a aussi beaucoup de complexité autour de cette facture d’électricité et du secteur énergétique de manière générale. Avant de pouvoir expliquer les questions juridiques que j’analyse, je dois donc généralement donner des informations de contexte relatives à la facture d’électricité, au marché de l’électricité ou à l’impact de la transition énergétique sur les réseaux électriques. J’ai aussi d’autres occasions de parler devant des économistes ou des ingénieurs, et alors là, ces informations de contexte portent surtout sur le droit et moins sur le secteur électrique.
Quoiqu’il en soit, ce travail presque de traduction entre différentes disciplines aussi éloignées est toujours un défi parce qu’il faut trouver le juste niveau de détail.
Tu as récemment participé à "Ma thèse en 180 secondes" (MT 180)…
Tout à fait ! « Ma thèse en 180 secondes », c’est un concours de vulgarisation scientifique. Les participant·e·s, des doctorant·e·s ou des docteur·e·s récemment diplômé·e·s, ont trois minutes, chrono en main, pour présenter leur recherche de façon claire et convaincante, le tout avec l’appui d’une seule diapositive.
Quel a été le principal défi pour parler de ton thème de thèse durant ce concours ?
Le principal défi, il est finalement le même que pour toute intervention et c’est d’arriver à intéresser son audience, sauf qu’ici, on a que 3 minutes pour y arriver. Il a donc fallu construire un texte avec un bon angle d’attaque pour directement capter et garder l’attention de l’audience. Dans le contexte de MT180, l’équilibre entre être précis et être clair que je mentionnais tout à l’heure est central. On pourrait être tenté de donner trop de détails parce qu’on sait qu’il y a de la nuance dans ce qu’on veut dire – ça reste quand même la présentation d’un travail de thèse qui a pris plusieurs années –, mais on risque de perdre l’auditeur. A contrario, si on reste trop généraliste, on ne permet pas à l’audience de réellement comprendre l’apport de notre recherche. Dans mon cas, j’ai aussi essayé d’apporter un peu d’humour et de légèreté. Le sujet de la facture d’électricité pourrait rappeler de mauvais souvenirs aux personnes qui ont vu leur facture d’énergie exploser pendant la crise énergétique. J’ai par exemple pu mentionner que ma recherche commence à partir d’une directive européenne adoptée le jour de ma naissance, ce qui fait toujours un peu mouche.
Ensuite, il y a le défi de la gestion du stress et du temps le jour J. Ça reste une prestation devant un public et c’est un exercice un peu intimidant. Mais par contre, ici on n’a que 180 secondes chrono en main, et si on dépasse ce temps, on est disqualifié. Il faut gérer son stress pour s’assurer une bonne gestion du timing. Ici, le coaching que nous avons reçu m’a vraiment beaucoup aidée à rester à l’aise et concentrée et je vais garder longtemps en tête les conseils que nous avons reçus à ce sujet !
Pourquoi as-tu souhaité y participer ? Quelles étaient tes attentes ?
J’ai toujours bien aimé les prises de parole en public, mais dans les conférences juridiques, on a souvent droit à 20 minutes d’exposé, ce qui est assez long. Je participais donc au concours surtout pour le défi d’arriver à présenter sa recherche en seulement trois minutes. Trois minutes, c’est court… et pourtant c’est déjà assez pour perdre l’attention du public. Le défi était donc d’arriver à construire un texte intéressant pour un public curieux, mais non initié, et quand même relativement précis quant au contenu de ma recherche. C’est donc surtout le processus de création de texte qui m’intéressait et l’accompagnement que l’ULB offrait dans le contexte du concours.
MT180, c’est un concours qui touche l’ensemble de l’université et donc une multitude de disciplines. Ça fait donc un peu écho à ta recherche, non ?
Tout à fait, et c’est ça qui est passionnant, pouvoir découvrir autant de recherches différentes en si peu de temps. En plus, avant l’évènement, nous avions droit à une série de séances de coaching qui se faisaient en groupe avec d’autres participants. Ces autres doctorant·e·s sont certes nos concurrents, mais aussi et surtout nos premiers auditeurs, et de réels coachs qui nous aident à améliorer notre texte, en plus, bien évidemment du soutien offert par les coachs externes. Dans mon cas, il y avait dans mon groupe une psychologue, un économiste, une politiste et une scientifique travaillant sur le cancer. Bref, un groupe avec des centres d’intérêt très larges. Et je pense que c’est ce travail en groupes très variés qui permet d’améliorer la qualité de nos textes et, en fin de compte, de notre prestation sur scène et de notre capacité à naviguer l’audience dans notre recherche. Dans MT180 comme dans ma recherche, la multidisciplinarité aura donc été la clé !
Quelques informations complémentaires
- Marie Beudels, sur le site du Centre de droit public et social de l'ULB
- La prestation vidéo de Marie Beudels à Ma thèse en 180 secondes: https://youtu.be/zqpL0L8cywk
- Sur le concours Ma thèse en 180 secondes à l’ULB: https://www.ulb.be/fr/doctorat/ma-these-en-180-secondes.
- La finale nationale aurait lieu le 21 mai 2025 à Mons: https://mt180.be/
Mis à jour le 2 mai 2025