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Le mot du Doyen
La Faculté est ce que nous en faisons (nos vies aussi)
Prendre le chemin de la Faculté, que ce soit pour la toute première fois ou pour une xme rentrée, c’est immanquablement être confronté·e à un questionnement fondamental: que viens-je y chercher? que vais-je y trouver?
La réponse à la première de ces questions peut sembler évidente: une formation solide dans un domaine essentiel des sciences sociales. Le droit est une pierre angulaire de la société. En acquérir la maîtrise, c’est se donner une clé pour comprendre le fonctionnement des institutions qui régissent notre vie, des entreprises commerciales à l’appareil d’État dans ses multiples déclinaisons. C’est certainement aussi, au-delà de ce premier objectif, nourrir l’ambition de pouvoir agir, à un degré ou un autre, sur ces institutions ou au sein de celles-ci.
À cet égard, celles et ceux qui découvrent le droit auront tôt fait de comprendre que par-delà les apparences d’un système complet, logique et ordonné, la sphère juridique se caractérise aussi par l’incertitude et le doute. La lettre de la loi, qui apparaît si claire sur le papier, est toujours sujette à interprétation et nombreux sont les facteurs qui sont susceptibles de faire évoluer celle-ci. En d’autres termes, le droit s’écrit souvent en nuances de gris, plutôt qu’en noir et blanc.
Dans cette logique, les enseignements offerts à la Faculté de droit de l’ULB poursuivent un double objectif : d’une part, assurer la maîtrise du droit en tant que technique, dans un vaste registre de domaines des sciences juridiques, du droit constitutionnel à la propriété intellectuelle en passant par la procédure civile ou les investissements internationaux. D’autre part, favoriser une réflexion sur les conceptions, le rôle et les utilisations du droit au sein de la société, en aiguisant autant que possible l’esprit critique des étudiant·e·s. La complémentarité entre ces deux objectifs est fondamentale. Comme l’écrivait Rabelais il y a cinq siècles, « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».
Mais notre Faculté de droit est également une Faculté de criminologie. Cette discipline, plus encore que le droit, se situe au carrefour des sciences humaines et sociales. Notre programme de Master en criminologie a pour objectif principal de permettre une meilleure compréhension des diverses formes de criminalité et de déviance. Il vise à explorer les mécanismes de criminalisation, à étudier le fonctionnement du système de justice pénale, et à analyser les stratégies criminelles et de prévention. Ce sont là quelques-unes des multiples dimensions que couvre ce parcours académique très ancré dans les réalités du terrain.
Car le contexte dans lequel vous entamez ou poursuivez vos études, et dans lequel l’Université s’efforce de s’acquitter de sa tâche, est difficile. Il est marqué par des conflits internationaux violents, qui suscitent à juste titre des réactions jusque sur nos campus, par la multiplication des politiques d’exclusion et des discours de haine, par l’anxiété liée aux changements climatiques, par la précarité économique que vit un nombre croissant d’étudiant.e.s, par le sous-financement chronique des établissements d’enseignement, ou encore par le développement effréné de l’intelligence artificielle qui vient remettre en question nombre de nos modes de fonctionnement.
Sur une telle toile de fond, il paraît plus important que jamais de rappeler et de défendre les valeurs et les principes que la Faculté entend promouvoir: le libre examen, l’engagement, la solidarité, la bienveillance. De se rappeler aussi que nous sommes les acteurs de notre propre destin - et de celui de nos institutions. La Faculté n’est rien d’autre que la somme des individus qui la composent: étudiant·e·s, enseignant·e·s, personnel administratif, assistant·e·s. C’est en agissant ensemble que nous pouvons en faire ce que nous voulons qu’elle soit.
Pr. Pierre Klein
Doyen de la Faculté
Mis à jour le 3 septembre 2024